ACV du bardage en bois

Le bardage est un recouvrement de façade qui contrôle la pénétration du vent et de la pluie. Mais quels sont les impacts environnementaux de la production du bardage en bois ?

Dans la littérature on trouve difficilement des études spécifiques sur la phase de production de bardage en bois. De plus, elles diffèrent par les unités fonctionnelles, la méthodologie et les hypothèses. Pour illustrer ces divergences, il existe des déclarations environnementales de produit (DEP) qui communiquent une valeur pour le réchauffement climatique de 297 kg CO2 équivalents par m³ de bardage en pin massif et de 5,6 kg CO2 équivalents par m² pour un bardage peint, durant le cycle de vie complet. Par contre, FCBA a publié trois DEP pour différents types de bardage en bois qui annoncent une valeur négative entre -8 et -15 kg CO2 équivalents.

L’entreprise wallonne étudiée comprend deux sites de production, l’un, pour la production de bardage et autres planches profilées et l’autre, pour la production de pellets et de litière. Ce deuxième est basé partiellement sur les coproduits provenant du site de profilage. Ces coproduits quittent la frontière du système car la production de pellets et de litière ne fait pas partie du champ de l’étude du projet.

L’unité déclarée étudiée est 1 m² de bardage « moyen », constitué de planches de bardage de différentes épaisseurs et longueurs, réalisé avec du bois résineux nordique, scié et transporté par camion jusqu’en Belgique. 16 % de la production est traité avec un fongicide. Une collecte de données primaires a été réalisée au sein de l’entreprise pour connaître les quantités de matériaux entrant. Les modules utilisés pour la modélisation proviennent de la base de données ecoinvent (v. 2.2). L’étude ACV est du berceau à la porte de l’entreprise et considère donc la phase de production.

Les résultats de la caractérisation sont présentés dans le tableau. La méthode utilisée est CML IA baseline V.3.01, EU25+3, 2000, suivant la norme EN 15804 et EN 16485. La valeur pour la catégorie « réchauffement climatique » est négative, parce que le bilan pour le carbone biogénique a été inclus, ce  qui engendre un « crédit » pour la séquestration du CO2 dans la biomasse.

Résultats ACV bardage en bois(*) Le résultat sans prendre en compte le carbone biogénique est 5,19 kg CO2-éq./m² de bardage.

Pour les analyses qui ne sont pas exigées par la norme (c’est-à-dire l’analyse de contribution et l’analyse de normalisation), le carbone biogénique n’est pas considéré.

Le transport du bois scié représente l’impact le plus important pour quatre des sept catégories d’impacts, avec une contribution entre 57 et 74 %. L’eutrophisation est autant due au transport qu’à la production du bois scié (44 %). Pour la création d’ozone la production du bois scié est responsable de 60 % de l’impact (et le transport du bois pour 35 %). Le traitement de préservation de bois représente 59 % de la catégorie d’impact épuisement des ressources abiotiques (éléments).

La consommation d’électricité pendant la production sur site est le troisième intrant le plus important pour toutes les catégories, sauf l’épuisement d’éléments abiotiques et la destruction de la couche d'ozone. Néanmoins, l’électricité représente maximum  8 % dépendant de la catégorie d’impact.

Les résultats normalisés (exprimés en points) révèlent l’épuisement des ressources abiotiques (éléments) comme catégories d’impacts la plus importante (44 % de la valeur « single score » qui est égale à 1,02 * 10-11), suivi par l’épuisement des combustibles fossiles (21 %). Ils sont suivis par l’acidification (13 %) et le réchauffement climatique (10 %). La création d’ozone, l’eutrophication et la dégradation de la couche d’ozone sont responsables du total pour 7, 4 et 1 % respectivement.

Résultats normalisés bardage

La contribution des intrants à la valeur « single score » indiquant l’impact global, est de 49 % pour le transport, suivi par le traitement de préservation (27 %) et  la production du bois scié (20 %). L'électricité représente un impact de 3.7 %. Les autres intrants comme sont responsables pour moins de 0.5 % de ce total.

La sensibilité au moyen de transport utilisé pour le bois scié a été étudiée. Selon la catégorie retenue, les impacts diminuent de 17 à 66 %, lorsque l’on remplace le camion par le train. Un transport en bateau diminue l'impact entre 22 et 65 % dépendant de la catégorie d'impact. L’effet de l’utilisation d’électricité provenant d’une cogénération a été également étudié. Même si la contribution de l’électricité est inférieure à 8 % pour toutes les catégories d’impact, un changement de provenance de l’électricité implique une diminution des impacts pouvant atteindre 5,44 %.

Sur base des analyses effectuées, plusieurs conclusions peuvent être tirées. Premièrement, le transport du bois scié des pays nordiques jusqu’en Belgique par camion a un impact très important. Pour les distances continentales, on devrait étudier les possibilités d’autres moyens de transport. Deuxièmement, le volume de bois scié entrant la production a un impact important également. Une optimisation de l’utilisation du bois scié brut en fonction des dimensions finales du bardage devrait être étudiée. Vu que les coproduits sont introduits dans une autre unité de production de l’entreprise, l’aspect économique de cette optimisation doit être tenu en ligne de compte également. Troisièmement, le traitement du bardage doit être remis en question. Laisser le bois non traité a un potentiel élevé de diminution des impacts, principalement en ce qui concerne l’épuisement des éléments abiotiques. Une étude des effets sur la durée et la fin de vie devrait être effectuée pour comprendre l’impact global. Quatrièmement la consommation d’électricité provenant d’une cogénération au lieu du réseau est une voie intéressante d’amélioration. Néanmoins cette option présente actuellement une limitation légale.

Le rapport (en anglais) avec la liste de références bibliographique est disponible ici.